Direction artistique : Nara Keo-Kosal, réalisateur, directeur de la photographie et producteur né au Cambodge et Dominique Toulat, directeur-programmateur du cinéma de la Ferme du Buisson.
POURQUOI DES RENCONTRES DÉDIÉES AUX CINÉMAS DU LAOS, CAMBODGE ET VIETNAM ?
Au début de 1913, Gaston Méliès, frère de Georges, arrive au Cambodge et tourne deux films : un sur le Tonlé Sap, bras du Mékong, et l’autre dans les ruines d’Angkor. Il est le premier cinéaste à venir au Cambodge et à y filmer des fictions avec des acteurs cambodgiens. C’est aussi le premier acte fort de partage du patrimoine cinématographique entre la France et le Cambodge. Ce qui fonde à l’époque ces films de Gaston Méliès - altérité, représentation et identité – se retrouve près de 110 ans plus tard au coeur du cinéma de l’Asie du Sud-Est. L’idée à l’origine de cet événement est de faire à reboursle voyage de Méliès et que ces trois pays nous offrent en partage leurs histoires, leurs représentations, leurs cultures.
DES CINÉMATOGRAPHIES EN DÉVELOPPEMENT
Chacun de ces pays possède sa propre histoire du cinéma. Le cinéma vietnamien, est le plus ancien des trois, les films sont plutôt accès sur le cinéma de genre et la comédie. Au Laos, où le cinéma est né plus tard, se trouvent deux pôles cinématographiques : le cinéma d’horreur grâce à Mattie Do, pionnière du genre dans son pays et le cinéma « New Wave » de Anysay Keola en démarcation avec les films vieilles gardes comprenant surtout des oeuvres de propagandes et des mélodrames. Quant au Cambodge, si beaucoup de cinéphiles connaissent le travail de Rithy Panh centré sur le traumatisme et le travail du deuil suite aux horreurs commises par le régime des Khmers rouges, un autre courant émerge, porté par Davy Chou et son attachement au présent et à la jeunesse cambodgienne. Comme une façon de mieux rêver le futur. C’est ce futur que représentent ces jeunes cinéastes et artistes émergents, traçant leurs voies singulières vers de nouvelles identités, de nouvelles formes, rêvant d’inventer un nouveau cinéma. L’ambition de la programmation de Si loin, si proche est de mettre en valeur cette création émergente, tout en en rappelant son ancrage historique.
UN ANCRAGE LOCAL
Cambodge, Vietnam et Laos (ex-Indochine) ont une histoire commune avec la France et tout particulièrement avec le territoire sur lequel est implantée La Ferme du Buisson. La guerre du Vietnam (1955-1975) qui touche toute la péninsule indochinoise pousse à l’exil des millions de personnes qui fuient le conflit ou la répression. Dans un premier temps, des réfugiés venus essentiellement du Cambodge, du Vietnam et du Laos, parfois d’origine chinoise, affluent vers la région parisienne et s’installent, pour une grande part, dans le 13ème arrondissement. Dans les années 1980, de nouvelles vagues de migrants, s’installent à Paris et dans le grand Est parisien, en particulier dans quelques-unes des vingt-six communes composant la ville nouvelle de Marne-la-Vallée qui se développe alors : les communes de Torcy, Noisiel, Lognes, Noisy-le-Grand concentrent d’importants foyers. L’implantation des communautés asiatiques en Région Îlede- France et en Seine-et-Marne a entraîné la création de nombreux lieux et espaces dédiées aux rapprochements entre les cultures d’Asie du Sud-Est et de France dont des associations proposant des activités culturelles, artistiques ou sportives. L’événement Si loin, si proche est une co-production entre la Ferme du Buisson et l’association Du Mékong à la Marne, illustrant ainsi la possibilité pour une scène nationale d’intégrer un projet construit avec un partenaire local, chacun apportant ses compétences, son ingénierie et ses réseaux. Tout au long du week-end, des associations locales seront mises à l’honneur et proposeront des animations et des initiations
16.12.2022 | Bruno's blog
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