La France doit refuser jusqu'au bout le marchandage de l'exception culturelle proposé par la Commission européenne
Les producteurs de l'APC appuient pleinement le communiqué des cinéastes ci-joint, publié à la suite de leur rencontre hier avec le Président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, au sujet du prochain démarrage des négociations en vue d'un accord de libre-échange entre l'Union européenne et les États-Unis.
Ils contestent la double rupture que le Président de la Commission européenne entend créer, d'une part, dans la doctrine constante de l'Union européenne en faveur de l'exception culturelle et, d'autre part, dans la continuité des services audiovisuels qui trouvent nécessairement leur prolongement sur les réseaux électroniques.
Jose Manuel Barroso n'a apporté aucune justification à cette double rupture, sauf l'opportunité tactique d'un renoncement à ce qui constitue aujourd'hui l'identité de l'Union européenne et sa colonne vertébrale dans le domaine de la culture, pour favoriser un grand marchandage avec les États-Unis dans lequel les services audiovisuels et culturels seraient une monnaie d'échange. Ni les secteurs audiovisuels et culturels européens, qui représentent des centaines de milliers d'emplois, ni le public, ont quoi que ce soit à y gagner.
Les producteurs de l'APC attendent du Président de la République qu'il refuse jusqu'au bout cette "tactique" favorisant les géants du net américains (les "GAFA"), qui ne payent pas d'impôts localement, au détriment de la capacité des Etats membres de l'Union européenne à mettre en œuvre les politiques nécessaires au développement de la création européenne dans le nouvel environnement numérique.
La France se doit de mettre en œuvre tous les moyens disponibles pour que, notamment lors de la réunion du Conseil des ministres du 14 juin prochain, le mandat de la Commission européenne soit adopté avec l'exclusion explicite des services audiovisuels quel que soit leur mode de transmission et refuser tout mandat qui ne respecterait pas cet impératif.
Contacts :
APC – Frédéric Goldsmith – 01 53 89 01 30
COMMUNIQUE DE PRESSE DES CINEASTES EUROPENS
Exception culturelle : le combat continue
Une délégation de cinéastes européens, composée de Lucas Belvaux, Costa Gavras, Daniele Luchetti, Dariusz Jablonski, Radu Mihaileanu, Cristian Mungiu, accompagnés par l’actrice Bérénice Béjo, a rencontré mardi 11 juin 2013 à Strasbourg le Président de la Commission européenne, José-Manuel Barroso, pour lui redire la nécessité d'exclure l'audiovisuel et le cinéma du projet de mandat de négociation commerciale entre l’Europe et les Etats-Unis.
Le Président Barroso s'est obstiné dans son refus. Il s'est réfugié dans un discours qui n'apporte aucune garantie au respect de l'Exception culturelle, et qui compromet gravement l'avenir des politiques culturelles en Europe.
Ainsi, José-Manuel Barroso ne veut pas entendre l'engagement de 7000 professionnels de la culture, parmi lesquels les plus grands cinéastes européens.
José-Manuel Barroso reste également sourd à la position du Parlement européen, seule instance démocratique élue, qui s'est exprimée à une écrasante majorité en faveur de l'exclusion des services culturels.
Le Président Barroso valide ainsi les propos arrogants du Commissaire Karel de Gucht, qui avait balayé d'un revers de la main la résolution du Parlement européen.
José-Manuel Barroso prend surtout le risque de mettre en péril l'avenir de la création, et la réduit à l'état de carte dans un jeu de poker très dangereux pour l'identité des peuples européens. Il remet ainsi profondément en cause les fondements même de l'Europe : celle défendue à travers nos œuvres, celle qui parle de l'histoire des peuples, celle qui est le ciment d'une identité européenne, et la richesse de notre diversité.
Les cinéastes européens en appellent aux États membres afin d’enterrer ce projet extrêmement périlleux pour la culture européenne.
Strasbourg, le 11 juin 2013
12.06.2013 | Editor's blog
Cat. : PROS