Les Cesar

Véritable passionné, Robert Hossein a construit sa carrière comme une formidable épopée.

C’est avec une grande tristesse que nous avons appris sa disparition aujourd’hui.

Rompu aux cinémas de quartiers, le jeune Robert Hossein suit le Cours Simon pour devenir comédien. Sa route croise celle des illustres Jean-Paul Sartre, Michèle Morgan, Jean Genet et Boris Vian. Ses débuts se font au cinéma en 1948 avec de petits rôles, sous la direction de Sacha Guitry ou de Jean Delannoy. En 1949, il écrit sa première pièce de théâtre "Les Voyous", un vrai succès, renoué en 1954 avec "Responsabilité limitée", mettant en scène Jean Rochefort et Jean-Louis Trintignant. Sa carrière s’affirme également sur grand écran, aux côtés de Brigitte Bardot en 1955 dans "Du rififi chez les hommes" de Jules Dassin, et de Sophia Loren en 1961 dans "Madame Sans-Gêne" de Christian-Jaque.

Mais c’est en 1964, alors qu’il revêt pour la première fois le costume de Joffrey de Peyrac dans "Angélique Marquise des Anges", qu’il marque à jamais nos mémoires. C’est le début d’une saga triomphale et immortelle, réalisée par Bernard Borderie, qui continue avec "Angélique et le Roy" en 1966, "Indomptable Angélique" en 1967 et se conclut avec "Angélique et le sultan" en 1968. La balafre qui traverse sa joue et sa claudication pour le rôle font de lui l’un des comédiens les plus appréciés du grand public qui le retrouve avec plaisir à chaque rediffusion.

Il est l’un des acteurs fétiches de Roger Vadim avec lequel il tournera, entre autres, dans "Le Repos du guerrier" en 1962, "Le Vice et la Vertu" en 1963, "Hellé" en 1972 ou encore "Surprise Party" en 1983. Auprès de Claude Lelouch, il compose des rôles d’anthologie, que ce soit dans "Les Uns et les Autres" en 1981 ou dans "Les Misérables" en 1995. Intemporel, il est aussi l’aviateur dont Audrey Tautou s’entiche dans "Vénus beauté (institut)" de Tonie Marshall en 1999.

Entre 1955 et 1986, en pleine gloire, il réalise quinze films dont le récit d’un serial-killer avec "Le Vampire de Düsseldorf" en 1965, la fresque monumentale "Les Misérables" pour laquelle il est nommé pour le César de la Meilleure Adaptation et Dialogues en 1983 et, finalement, l’adaptation de l’œuvre de son ami, Frédéric Dard, "Le Caviar rouge" en 1986.

C’est probablement au théâtre que son œuvre est encore plus magistrale, au travers de mises en scène restées mythiques comme "Danton et Robespierre" en 1979 ou "Je m’appelais Marie-Antoinette" en 1993. Amateur de superproductions, il devient une véritable légende populaire et parvient même, en 2006, à recréer "Ben-Hur" au Stade de France. Il est aussi celui qui fit découvrir Isabelle Adjani dans "La Maison de Bernarda Alba" en 1972. Isabelle Huppert, Anémone, Jacques Villeret, Jacques Weber ou encore Francis Huster fouleront les planches des pièces qu’il met en scène.

Le talent inépuisable de Robert Hossein est celui d’un homme qui, toute sa vie, a souhaité partager sa passion et ses émotions avec le public.

Nous adressons toutes nos pensées à ses proches.