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Suite à la décision de la Société des réalisateurs de films de ne pas reconduire son mandat de délégué général de la Quinzaine des réalisateurs après seulement deux éditions, Frédéric Boyer s'exprime dans une tribune que nous publions in extenso…

"La Quinzaine des réalisateurs est née en 1969 pour montrer un cinéma où l’urgence de créer des images se libérait, par nécessité, de toute injonction et de tout diktat. Et c’est bien pour cela, pour l’esprit de liberté qu’elle incarne et qui l’anime, que La Quinzaine a pu découvrir des talents qui ont par la suite parcouru les tapis rouges du monde entier. La Quinzaine ne demande pas d’autre reconnaissance que celle d’être là où l’audace de l’écriture cinématographique se manifeste par les talents qu’elle devine, qu’elle cherche, qu’elle propose.

 

Découvrir et rencontrer des cinéastes, les soutenir, aller vers un cinéma qui continue de s’affirmer, de s’inventer et de se transformer malgré les difficultés de financement et de diffusion, lui offrir une visibilité sur le marché, c’est garantir la survie d’un cinéma pluriel et d’une création indépendante. Ces forces de résistance et de proposition donnent, aujourd’hui comme hier, tout son sens à La Quinzaine.

 

Parfois plus événementielle, parfois plus provocatrice ou exigeante, une sélection doit avant tout être proposée dans le respect de ceux qui, année après année, se passionnent pour un cinéma sans cesse renouvelé. Jugée « passable, sinistre, médiocre » par un article de la presse française, la sélection 2011 a été la cible d’une « guerre » franco-cannoise, qui visait avant tout à faire tomber des têtes, en oubliant que c’est sur la tête du cinéma lui-même que cette guerre a été déclarée.

 

Il n’en reste pas moins que si ces films voyagent aujourd’hui dans le monde entier, c’est bien parce que de nombreux professionnels y ont vu du nerf, de la singularité et du potentiel à traverser les frontières. Contrairement à une certaine presse française qui a choisi, avant même d’avoir vu les films, d’ignorer ou d’attaquer ma sélection, la presse internationale a joué son rôle et a été un formidable relais. Alors, « sinistre, passable ou médiocre », ce sont des termes qui conviennent davantage à cette guerre d’influence, qu’aux films eux-mêmes.

 

La Société des Réalisateurs de Films a décidé de ne pas renouveler mon poste de Délégué Général de La Quinzaine. Je voudrais saluer tous les réalisateurs, les professionnels et les institutionnels du monde entier qui continuent de m’envoyer des messages chaleureux, respectueux et solidaires. À leur étonnement, leur incompréhension, leur déception, je ne peux que répondre par l’espoir que la Société des Réalisateurs de Films trouve la solution pour continuer à résister aux diktats d’une certaine presse qui désormais ne jure que par les Siens, et à renouveler ce contrat d’indépendance qui la rend si unique et si précieuse dans un monde de plus en plus formaté."

 

Frédéric Boyer