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Premier Bilan
Quatre jours
de Festival. Et l'obligation- déjà - de donner une tendance, de dresser un
premier bilan de ce 54ème cru. Sera-t-il bon, grand, inoubliable,corsé, décevant,léger,
moyen ? En regardant les étoiles décernées par la presse française ou étrangère,
une évidence surgit. Un film aurait d'ores et déjà la palme quasiment en poche,
c'est la nouvelle version " redux " d'Apocalypse Now. Les grands maîtres
se font rares. En remontant les marches pour la deuxième fois avec le même
film, remonté et rallongé, Francis Ford Coppola accomplit un exploit unique
dans les annales de Cannes. Déjà titulaire de deux récompenses suprêmes -
pour Conversations Secrètes et Apocalypse - il aurait pu s'offrir
le luxe d'en gagner une troisième pour une œuvre déjà consacrée 22 ans plus
tôt. Et sans vouloir blesser les auteurs et les films que l'on n'a pas encore
vus, on sent bien qu'aucun, sans doute, n'aurait pu terrasser cet opéra de
feu, de mort et de sang, cette œuvre démesurée d'un démiurge aux allures d'Orson
Welles.
Dont acte. Passons aux suivants. La presse américaine a nettement moins aimé
Moulin Rouge que la presse française. Et la Fox,dit-on,regretterait
déjà d'avoir dit oui au risque (et au budget !) d'une soirée d'ouverture,avec
la compétition en prime. Pourtant,le film de Baz Luhrman ne mérite ni l'indignité,ni
l'excès d'honneur.C'est une très belle fantaisie kitsch et baroque, magnifiquement
maîtrisée, qui trouvera certainement son public lors de sa sortie au mois
d'octobre prochain. Ce fut un vrai moment de distraction pure et de bonheur
visuel dont Cannes aurait eu tort de se priver. Le Festival servira-t-il le
film ? Seul l'avenir le dira. La réponse est importante pour savoir si le
grand retour des Majors sur la Croisette aura une chance de se poursuivre
l'an prochain. Dreamworks, Jeffrey Katzenberg et leur étonnant film d'animation,
déjanté et subversif, ont apparemment mieux joué leur coup. Shrek a
bénéficié d'un accueil très positif tant du côté du public que de la critique.
Katzenberg aussi jouait gros. La sortie américaine de Shrek a lieu
le week end prochain, et il avait besoin de créér un bon " buzz " à Cannes
: c'est gagné.
Sinon, le Festival garde sa vocation cinéphile, militante et favorable aux
jeunes auteurs. Sur les premiers jours, c'est Kandahar et No Man's
Land qui ramassent la mise. Deux témoignages différents mais réussis,
sur les malheurs du monde moderne,sur les guerres et les intolérances de toutes
natures. Makmalhabaf a traité les talibans avec un mélange étonnant de poésie
et de violence,tandis que le jeune cinéaste bosniaque a préféré l'humour,
la dérision dans une histoire construire avec rigueur et solidité. Parions
que ces films se retrouveront sans doute quelque part au palmarès.
Enfin la France a fait son entrée dans la compétition avec le nouveau titre
de Catherine Corsini, La Répétition. Après La Nouvelle Eve,
changement de ton et de registre. La gravité remplace la légèreté pour l'histoire
d'une amitié féminine ambiguë, névrotique, passionnelle,destructrice jusqu'à
la vampirisation de l'une par l'autre. La grande force du film est son interprétation
: Corsini est une très grande directrice d'acteurs. Comme avec Karin Viard
dans La Nouvelle Eve, elle tire ici le meilleur d'une Emmanuelle Béart
superbe, et d'une jeune québecoise,intense,brûlante, Pascale Bussières. Sans
doute la présidente du jury aura-t-elle apprécié les accents bergmaniens de
ce " thriller psychologique " qui se situe en partie à Copenhague,et qui évoque
aussi bien Persona que les Biches de Chabrol.
Côté Jury, pas d'indiscrétions. Il est encore beaucoup trop tôt. On sait simplement
que Madame Liv Ullman est une présidente exigeante, et sérieuse, voire sévère.
Un peu trop paraît il, pour le français Mathieu Kassovitz au tempérament très
indépendant. On voit souvent le jury presque au complet dès la première séance
du matin, à 8 h 3O. Pas le temps d'aller beaucoup traîner le soir dans les
fêtes. Au fait, quelles fêtes ? On en parle, il paraît qu'il y en a, aucune
n'a laissé de trace éblouissante, pas même celle de Moulin Rouge. Cannes
travaille, Cannes est sérieux, trop sans doute. On le lui reprochera encore
cette année. La fracture entre les télés et le Festival semble évidente, on
jase beaucoup sur la dégradation des rapports avec Canal Plus, dont on parle
autant sur la croisette que de l'affaire Loft Story. Le cinéma continue dans
les salles. Les vraies surprises sont sans doute à venir. Elles s'appelleront
Olmi, Lynch, Moretti, Sean Penn, Dupeyron, Hou Hsiao Hsien et quelques autres…Le
marathon bat son plein. Attendons les grands coups de cœur. La plus longue
standing ovation (10 minutes d'applaudissements debout) revient pour l'instant
à Danis Tanovic et No Man's Land. A suivre…
Michel Pascal
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