La télévision israélienne refuse de financer le film du cinéaste Amos Gitai sélectionné à Venise sous prétexte que l'artiste "n'est pas un israélien".

La commission de financement de la télévision nationale israélienne Israeli Broadcast Authority (IBA) a décidé fin août de ne pas soutenir le dernier long-métrage du cinéaste Amos Gitai, malgré la lettre de préavis positif à hauteur de 200 000 $ envoyée à la production il y a plusieurs mois par son directeur général Moti Shklar, sous prétexte que le réalisateur "n'est pas un artiste israélien, puisque, selon nos informations, il ne réside pas en Israël". L'un des portes paroles de la télévision a ajouté "quels films a-t-il fait en Israël?"

Le réalisateur, qui vit actuellement entre Paris, Haïfa et Tel-Aviv, est né en Israël, a été grièvement blessé en servant son pays pendant la guerre du Kippour, y a tourné pratiquement tous ses films, et travaille systématiquement avec des équipes et des coproducteurs israéliens. Cependant, certains de ses films questionnent la politique israélienne. Le film incriminé par la commission, "Désengagement", sera présenté à Venise le jeudi 6 septembre, et se déroule pendant le retrait de Gaza, à l'été 2005.

Amos Gitaï est un cinéaste israélien majeur qui interroge avec acuité la société et la politique israélienne. Depuis 30 ans, il contribue par son oeuvre à dévoiler les enjeux réels auquels Israël est confronté à travers des films primés dans les Festivals internationaux les plus prestigieux.

Nous souhaitons rappeler que ni l'identité nationale ni les choix politiques d'un cinéaste tel qu'Amos Gitaï ne devraient en aucun cas porter atteinte au financement de son travail et cela d'autant plus de la part de la télévision d'un Etat qui s'est toujours targué de laisser différentes opinions s'exprimer en son sein.


Isabelle Gattiker, Leo Kaneman, Yaël Reinharz Hazan
Association du Festival du Film et Forum International sur les Droits Humains