Le numérique dans tous ses états
Festival - Janvier 2005
Entretien avec Calmin Borel coordinateur des colloques.
La prise en compte du numérique dès 2002 avec une compétition à caractère “labo”, puis l’ouverture totale du festival au numérique en 2004 marquent l’intérêt permanent des organisateurs pour l’évolution des techniques de production des images en mouvement. Cette prise de position a fortement influencé le paysage européen des festivals.
Doit-on, avec le numérique, parler de nomadisme dans la diffusion des films ?
La souplesse du numérique a effectivement permis de faire émerger différentes structures, différents lieux qui avaient envie de prendre le relais des salles de cinéma. Aujourd’hui, un vidéo-projecteur et un lecteur numérique peuvent être installés n’importe où pour diffuser des œuvres qui n’existent pas sur un support pellicule.
Comment réagissent les salles de cinéma ?
Les exploitants s’interrogent. Pour eux, passer au numérique, cela veut dire acheter un nouveau matériel dont le coût est énorme. D’autant qu’une salle qui investit aujourd’hui n’a pas la certitude que son équipement soit encore à la hauteur dans deux ans. Néanmoins, certains sautent le pas. La question est de savoir si cela va changer leur manière de programmer. Les films courts vont-ils trouver une place dans leur programmation ?
Que pensez-vous de l'équation numérique = démocratisation, pluridisciplinarité ?
L’arrivée des moyens numériques de production a, à l’évidence, accru le nombre d’œuvres audiovisuelles. Au niveau du quantitatif cela se vérifie donc. Ce qui nous intéresse, bien évidemment, c’est le niveau qualitatif. Et cette démocratisation a entraîné l’arrivée d’artistes d’autres champs artistiques (danse, graphisme...) qui se sont emparés de ces nouveaux outils. Ces artistes ont emmené avec eux leurs centres d’intérêt et on assiste ainsi à l’éclosion d’œuvres nouvelles, métissées et attrayantes.
Le deuxième colloque porte sur l’édition vidéo et de DVD de courts métrages...
Le DVD est partout. Les coûts ont sensiblement baissé. En complément d’un long métrage on trouve souvent le ou les courts que le réalisateur a réalisés à ses débuts. Par ailleurs on trouve des démarches très intéressantes comme celles de l’éditeur DVD Pocket pour lequel l’objet principal du DVD est le court métrage : l’édition de Vibroboy de Yann Kounen, autour duquel gravitent des bonus, en est un bon exemple.
Un débat portera sur la " Video On Demand ", la TNT et Internet...
Le format court correspond bien à la VOD, à la télévision et à l’Internet. A chaque média sa politique de diffusion. Ensuite, les tarifs varient d’une chaîne à l’autre. Certains ne paient pas les films diffusés, partant du principe qu’ils offrent déjà une visibilité aux films.
Derrière cela se pose le problème de la piraterie, qui existe au niveau du cinéma comme de la musique, même si pour le court métrage, on est dans un rapport de force et d’économie qui est moindre.
Enfin on explorera la question des nouvelles technologies, notamment à travers les téléphones portables...
On s’intéressera en effet à tous les petits écrans, du Palm à la téléphonie mobile.
Avec un film diffusé sur un écran de 4 cm sur 3, la question artistique se pose évidemment. Les diffuseurs attendent des images débarrassées de politique et de sexe, un petit objet inoffensif. Allons-nous nous diriger vers la production de belles images standardisées, où il faudra qu’en cinq minutes, tout soit compréhensible par tous ?
Propos recueillis par Donald James.
Pour la troisième année consécutive le Festival organise des rencontres autour du format numérique. L’édition 2005 se penchera sur les nouvelles formes de diffusion suscitées par le numérique : du cinéma au téléphone portable.
Mardi 1er février 2005, de 13h30 à 17h30, salle Gripel, entrée libre