Croisette

A propos du film:
La Sélection Officielle du Festival de Cannes accueille aujourd’hui Pedro Almodóvar avec l’entrée en lice de Etreintes Brisées en Compétition. Après Volver (Prix du Scénario en 2006) et Tout sur ma mère (Prix de la Mise en Scène en 1999), le réalisateur espagnol revient avec un nouvel hommage au cinéma.

"Je me rends compte que c’est la première fois que je fais une déclaration d’amour aussi explicite, raconte-t-il ; pas dans une séquence en particulier, mais tout au long d’un film. Au cinéma, à ses éléments matériels, aux personnes qui se démènent autour des projecteurs, aux acteurs, monteurs narrateurs, à ceux qui écrivent, aux écrans sur lesquels on visionne les images qui donnent vie aux intrigues et aux émotions. Aux films tels qu’ils ont été faits au moment où ils ont été faits. A un métier qui, bien qu’il permette d’en vivre, n’est pas seulement une profession mais une passion irrationnelle."

Cet amour du cinéma, il déclame à travers la vie artistique et tumultueuse de Mateo Blanco. Dans l’obscurité, cet homme écrit, vit et aime. Quatorze ans auparavant, il a eu un violent accident de voiture dans l’île de Lanzarote. Dans l’accident, il a non seulement perdu la vue mais aussi Lena, la femme de sa vie. Un concours de circonstances l’amène à se remémorer ses lointains souvenirs.

Conférence de presse:
Aujourd’hui les journalistes de la presse internationale ont pu poser leurs questions à toute l’équipe du film Etreintes Brisées. Toujours volubile, Pedro Almodóvar était accompagné de ses acteurs Penélope Cruz, Blanca Portillo, José Luis Gómez, Lluis Homar, Tamar Novas, Rubén Ochandiano, et de son producteur Augustin Almodóvar. Morceaux choisis.

Pedro Almodóvar sur la direction d’acteur :
"La façon de travailler avec les acteurs varie en fonction de chaque individu. Une personne, dénuée de toute compréhension de la nature humaine ou du sens de la communication, ne pourra être un bon réalisateur. Les acteurs, avec qui je travaille, m’autorisent à les toucher au plus profond d’eux-mêmes, y compris des choses douloureuses. Ils me permettent véritablement d’aller fouiller en eux. Et je suis chanceux car tous mes acteurs se montrent très généreux. Pour certains, je donne toutes les informations sur la manière dont j’appréhende le personnage ; parfois, c'est le contraire, je ne dis rien afin qu'ils jouent instinctivement. Moi, qui suis timide, j’interprète si nécessaire tous les rôles sur le plateau pour justifier mes choix. Il y a longtemps de cela, j'ai même été obligé de faire un cunilungus pour diriger un acteur. Je les respecte profondément."

Penélope Cruz sur l’histoire de Etreintes Brisées :
"Tout m’a surprise, de la première à la dernière ligne du scénario ! J’ai vraiment le sentiment que c’est l’un de ses meilleurs scénarios - si ce n’est le meilleur - sans doute le plus complexe, le plus audacieux, le plus courageux... Je me suis dit que j’avais vraiment de la chance que Pedro m'accorde à nouveau sa confiance, me confie ce personnage à la fois merveilleux et complètement différent de ce que j’avais pu jouer jusque-là."

Penélope Cruz sur la complexité de son rôle :
"La partie comédie du film dans le film n’a pas été la plus facile à jouer. Beaucoup moins que la partie dramatique... La comédie demande beaucoup de précision. Jouer deux fois la même scène - une fois correctement et la deuxième fois volontairement mal - exige beaucoup de subtilité. Cela me stressait un peu. Parfois dans la même journée, je passais d’un personnage à l’autre. C’était un peu confus, cela me fait penser aux montagnes russes... Mais les trois mois de répétitions et d’essais qui ont précédé le tournage m’ont bien aidée."

Pedro Almodóvar sur la présence des femmes dans ces films :
"Il y a beaucoup de femmes dans mes films parce que, comme pour la plupart des enfants des années 50, j’ai été élevé par des femmes. Ma mère m’emmenait partout avec elle. J’ai été entouré de femmes jusqu’à l’âge de 8 ans, si bien que j’ai pu vivre des expériences, intégrées dans mes films. Et je parle de femmes à fort caractère. Je ne sais pas comment elles se débrouillaient mais elles ont réussi malgré la situation d’après-guerre à nous nourrir tous les jours. Notre pays a été marqué par cette génération de femmes, à qui l’on doit notre survie. Les personnages masculins ont tendance à m’intimider un peu. Mais les choses changent..."