Rencontre avec Kris Merc, co-réalisateur du court-métrage « Mojo Thunder », en compétition officielle au festival international du film animation d’Annecy 2015.

                                                             Kris Merc et son univers                                                                                                                 Photo and artwork: © Anne-Lise Le Pellec

Entre vices et regrets, un court métrage très prometteur au format de clip vidéo, qui nous plonge dans un univers sombre au graphisme soigné, aux textures de charbon de bois et de canevas. Superbe !

Un chien poursuit notre personnage principal, qui ne fera par la suite que fuir, se noyant de regrets dans des verres d’alcools descendus aussi vite qu’il descend ce même chien ou cette femme qui en prend tout à coup l’aspect. Nous devinons ses yeux exorbités par ses propres fantômes omniprésents, des corps de femmes mouvants, ondulants dans les eaux profondes de sa mémoire pour s’en nourrir, vampirisant ce qu’il reste de lui, pour le transformer finalement en crocodile.

Lorsque je demande à Kris si par hasard il avait peur des femmes, il répond avec son rire franc mêlé de surprise et de gène : « Pas du tout ! Il s’agit davantage de parler des regrets et des erreurs parfois terribles que nous accumulons dans une vie et de ce qu’ils impactent tout au long de notre parcours ». Regrets, pertes, oublis et vices. Car dans ce court métrage la noirceur du personnage et son ivresse soit disant cathartique ne semblent pas être celle de monsieur-tout-le-monde. On y pressent un meurtre et une criminalité évidente. « Ce sont surtout des métaphores, le chien n’est pas vraiment ce qu’il incarne, il représente surtout les erreurs passées qui poursuivent incessamment le personnage »

Le noir et blanc est utilisé ici de façon brillante et rappelle évidemment le style de Sin City et le personnage en format de héro vieillissant un James Bond alcoolique et solitaire. Et n’oublions pas de mentionner que le titre de ce court-métrage est directement issu du groupe originaire de San Francisco The Peach Kings et de leur dernier EP « Mojo Thunder ».

Lorsqu’il s’agit d’aborder le thème très présent des femmes, Kris Merc fait appel à son vécu et aux histoires d’amour parfois tumultueuses dont nous  sommes presque tous affublés. "Il s’agit de savoir comment survivre à tous les regrets et les fantômes qui nous poursuivent, aux histoires d’amour qui se finissent mal, à l’amour perdu, l’amour complexe et l’amour qui n’est plus transparent… L’amour, l’amour, l’amour.... une histoire envoutante où chacun pourra peut-être retrouver la part d’ombre que nous devons tous affronter un jour, de quelques façons que ce soit. Mais ne nous noyons pas tous dans un verre d’alcool !

Concernant sa venue au festival d’Annecy, Kris Merc y va de tout son enthousiasme, se sentant honoré d’être en compétition officielle à seulement 32 ans, au côté des grands de ce milieu : « Je suis tellement reconnaissant de pouvoir faire de telles rencontres, surtout parmi de si grandes productions. Notre court métrage ne nous a couté que cinq mille dollars ! ». Comme quoi parfois des moyens limités mais une réelle créativité valent mieux que grand tapage et gros porte-monnaie...

Anne-Lise Le Pellec

Production : Ataboy

   Réalisateurs : Kris Merc

                            Beniy Brooke

Retrouvez ce court métrage:

Crédit photographie et Montage : Anne-Lise Le Pellec

Avec utilisation partielle des images issues de "The Peach Kings - Mojo Thunder"