de Pierre-Edouard Peillon
Nous avons proposé aux jurés de se présenter en répondant à trois questions concernant leur cinéphilie, leur rapport au cinéma allemand et leurs attentes par rapport à l’expérience qu’ils sont en train de vivre.
Itamar Gov
D’où vient votre passion pour le cinéma ?
Je trouve que le cinéma contient toutes les autres formes d’art et, en même temps, je suis particulièrement heureux quand je vois des moments cinématographiques qui ne peuvent pas être traduits dans les autres médias. C’est aussi ça, la puissance du cinéma, comme en témoigne certains films que j’affectionne particulièrement tels que Hiroshima mon amour d’Alain Resnais, Et vogue le navire… de Federico Fellini et Personad’Ingmar Bergman. Un film, c’est également comme une porte qui permet de passer vers d’autres mondes. On peut oublier la réalité, mais aussi envisager nos émotions d’une autre manière. L’autre chose qui m’intéresse, c’est que le cinéma existe depuis 120 ans et a donc accompagné tout le XXe siècle ; ce qui fait de son histoire un moyen idéal pour suivre l’évolution des courants sociaux, politiques, philosophiques et même musicaux.
Quel regard portez-vous sur le cinéma allemand ?
Aujourd’hui, il devient plus facile pour les Allemands de revenir sur leur Histoire. C’est un mouvement qui va de paire avec les évolutions de la société allemande. En témoigne certaines comédies sur le nazisme, à l’instar de Über-ich und Du de Benjamin Heisenberg présenté cette année à la Berlinale. Mais, en règle générale, je trouve que le cinéma allemand contemporain à tendance à s’enliser dans une forme de réalisme ; alors, lorsqu’on repense aux innovations cinématographiques que les réalisateurs allemands ont su proposer, notamment, dans les années 1920 et 1930, on peut trouver qu’il est un peu dommage de les voir maintenant se borner à cette veine réaliste.
Que représente pour vous l’opportunité de faire partie de ce jury ?
Je crois qu’il est essentiel, en tant qu’étudiant en cinéma, de ne pas rester uniquement dans le cadre universitaire. À la fin, on n’étudie pas pour seulement avoir des discussions dans des classes fermées. Il est donc important de créer des liens entre les théoriciens et les cinéastes et essayer, dans une certaine mesure, de participer aux évolutions du cinéma contemporain. En tout cas, je suis très heureux d’avoir l’opportunité d’être dans le jury pour rencontrer des cinéastes et écrire des critiques sur les films qu’on regarde.
Lucie Brux
D’où vient votre passion pour le cinéma ?
D’une passion pour l’image.
Quel regard portez-vous sur le cinéma allemand ?
Un regard attentif, curieux et exigeant, comme le demande ce cinéma attentif, curieux et exigeant.
Que représente pour vous l’opportunité de faire partie de ce jury ?
L’intensité des projections et des débats que requièrent dix jours de Berlinale en tant que jury permet de voir des films que l’on n’aurait probablement jamais vus ; de les discuter, les réfléchir, les analyser, les mettre en contraste, de manière continue et effervescente. Et, par-là, d’élargir le débat au cinéma, français, allemand, européen, jeune, vivant, et continuer d’ouvrir nos regards, pour prendre une part active, à notre petite et modeste échelle, à l’élaboration de cinématographies en devenir, en rencontrant les faiseurs d’aujourd’hui et rêveurs de demain.
Mathilde Saraux
D’où vient votre passion pour le cinéma ?
Je pense que ma passion pour le cinéma vient du fait que j’ai grandi dans une famille où il n’y avait aucun poste de télévision. Je n’ai eu une télévision qu’à 15 ans et j’ai donc un peu loupé le phénomène télé-réalité et compagnie. En revanche, nous achetions beaucoup de films chez moi et nous allions aussi au cinéma toutes les semaines en famille, ce qui m’a appris à apprécier particulièrement tout ce qu’il y a de rituel et de convivial dans le fait de se retrouver dans une salle obscure. Ensuite, j’ai beaucoup aimé découvrir Arte qui m’aidait beaucoup pour mon allemand en me permettant de regarder des films en V.O., tout en découvrant des classiques du cinéma que je ne connaissais pas encore. J’aime aussi entrer dans de « nouveaux univers », je suis tout de suite happée par une histoire ! Le cinéma a un effet très hypnotique sur moi, j’adhère très vite à certains films pour peu qu’ils soient un peu réalistes. J’ai pu concrétiser et affiner un peu l’idée que je me faisais du cinéma en étudiant laMedienkultur à Weimar, à l’Université du Bauhaus où j’ai étudié laFilmanalyse (analyse de film), Filmgeschichte (histoire du cinéma),Dokumentarfilme (les films documentaires) et le cinéma d’Europe de l’Est. Cela m’a donné une structure et m’a permis de m’ouvrir vers d’autres horizons cinématographiques.
Quel regard portez-vous sur le cinéma allemand ?
J’aime les « vieux » classiques du cinéma allemand que j’ai découverts en grandissant ; même si j’ai commencé à m’intéresser activement à ce cinéma à partir de Good Bye Lenin!. C’est assez cliché, mais j’avais environ 13 ans lors de la sortie du film et je l’ai beaucoup apprécié. En France, j’ai remarqué qu’on adore les films sur l’Ostalgie. En tout cas, je crois que les années 2000 et la sortie du film ont tout de même été assez importantes. Je commence lentement à découvrir de nouveaux acteurs et réalisateurs allemands et je suis très impressionnée et honorée d’avoir rencontré, lors de la Berlinale, des réalisateurs allemands très talentueux. Je suis seulement déçue par les Français qui, généralement, ne sont pas si enthousiastes quand on parle de cinéma allemand. Mais je crois qu’avec la nouvelle génération d’acteurs, de réalisateurs et de producteurs qui arrive, on peut espérer changer ça.
Que représente pour vous l’opportunité de faire partie de ce jury ?
Ce jury est une super opportunité pour nous tous. J’aimerais tout d’abord remercier l’OFAJ, Mme Anna Cavillan, Gloria Stamm, tous ceux qui ont rendu notre séjour possible et, bien sûr, Jutta Brinkschulte : notre mère de substitution ici à Berlin qui s’occupe de tout organiser pour nous. Ensuite, je suis vraiment surprise et vraiment heureuse d’avoir été sélectionnée, c’était vraiment une joie immense d’avoir l’occasion de voir le fonctionnement d’un festival international de cinéma. Et en plus en Allemagne ! J’ai rencontré des co-jurés géniaux et notre président du jury Denis Dercourt est formidable. J’espère être inspirée par ces dix jours au coeur de la Berlinale, en sortir plus créative pour, peut-être, essayer de monter des projets cinéma à mon petit niveau avec des amis motivés, on verra… Quoiqu’il en soit, ces dix jours resteront à jamais inoubliables !
Rebecca Raab
D’où vient votre passion pour le cinéma ?
J’ai découvert ma passion pour le cinéma pendant mes études de licence en Francais et Journalisme à l’Université de Tübingen. Cette combinaison m’a permis de participer en tant que rédactrice-vidéo au Festival International du Film Francophone en automne 2010. En faisant plusieurs stages avec des différents festivals du cinéma en France et en Angleterre, j’ai non seulement développé un intérêt pour l’infrastructure autour des films mais de plus en plus aussi pour la valeur culturelle du film et des différents genres. Cet intérêt m’a amenée à mes études de « Film, exposition et programmation cinématographique ».
Quel regard portez-vous sur le cinéma allemand ?
J’ai l’impression que le cinéma allemand contemporain est essentiellement un cinéma d’auteur. C’est presque toujours un cinéma profond qui parle d’histoires sérieuses et très souvent de l’Histoire allemande. Mais ce qui me manque un peu, c’est le travail sur les formes cinématographiques ; on met trop l’accent sur le contenu des histoires et pas assez sur la forme.
Que représente pour vous l’opportunité de faire partie de ce jury ?
Mon expérience en tant que membre du jury de l’OFAJ à la Berlinale m’aide à développer une perspective plus profonde sur les films et à apprendre comment « lire » un film pour le juger. Cette capacité à analyser les films sera importante pour un futur travail dans les festivals ou les galeries.